Les arnaques rodent autour de nous, tels les moustiques de la Dombes, elles sont toujours prêtes à nous tomber dessus, à papillonner le stylo à la main, toujours parées pour nous faire signer à la moindre faiblesse de notre part. Je ne sais pas pourquoi mais dès qu’il est question d’argent et de contrat entre deux parties, j’ai toujours une once de soupçon qui me vient à l’esprit. Est-ce un symptôme de paranoïa grandissante ou bien tout simplement les nombreuses expériences accumulées au cours de ces dernières années ?
Ce que je sais désormais et que j’applique systématiquement, c’est qu’une transaction impliquant de l’argent appelle toujours à la prudence et au recul.
Mais ce qu’il y a de bien avec une arnaque, c’est qu’elle n’est finalement pas tellement difficile à démontrer et que l’on peut éprouver beaucoup de plaisirs à l’exposer à celui qui tente de vous escroquer, surtout devant une assemblée ou une tribune, qu’elle soit virtuelle ou réelle.
Une chose qui caractérise notre société de consommation est qu’avant tout, elle est financière et repose entièrement sur le calcul d’une marge. Pour ma part, et contrairement à une partie de mes concitoyens Français, je n’ai franchement rien contre ceux qui gagnent de l’argent; après tout, tant mieux pour eux, surtout si c’est fait dans les règles de l’art. Cette situation étant clair dans ma tête, je m’intéresse tout de même à cette fameuse marge que je vous ai évoquée auparavant: gagner de l’argent n’est en rien répréhensible, toutefois je m’inspire un droit de regard sur cette marge.
Ma réflexion est liée à des contraintes idéologiques personnelles, et je vous livre ici un petit tableau avec mon échelle de valeur. C’est très simple à comprendre: lorsque quelqu’un investit X euros, voici ce que je déclare lorsqu’il récupère Y euros:
- 1€ donne 1,5€ = Bravo !
- 1€ donne 2€ = Excellent !
- 1€ donne 3€ = Chapeau
- 1€ donne 4€ = Continuez comme cela
- 1€ donne 10€ = Heu, comment avez-vous fait ??
- 1€ donne 20€ = Hum, est-ce bien honnête ?
- 1€ donne 50€ = Il y a quelque chose de louche !
- 1€ donne 100€ = Jérôme, c’est toi ??
Vous allez me dire que ce sont des bobards et que de tels ROI n’existent pas. Et bien détrompez et ici il n’est pas question de Trading, de Forex, ou autre super produits de la nébuleuse financière, mais bien d’actes de la vie
courante et qui vous sont facturés tels quel.
Ici, je m’attaque plus particulièrement à l’acte que l’on vous facture. Cela peut être une prestation artisanale, intellectuelle ou encore de service, mais la plupart du temps quelque chose de non conventionné et qui s’appuie sur l’absence total de transparence quand au tarif qui vous est communiqué.
Je vais prendre un exemple concret avec ces fameux frais de mutation des syndics de copropriété. Je m’intéresse à l’acte en lui même, ce que cela coute à une régie et à ce que cela lui rapporte, à savoir 322€ dans mon cas
particulier. La personne qui s’occupe des états datés les établit de temps en temps, mais cela fait partie de ces attributions et de son travail quotidien. J’ai déjà ici une interrogation: pourquoi facturer quelque chose qui n’est pas exceptionnel, puisque l’on paye déjà quelque chose pour ce type de service ?
C’est là une question qui revient souvent: pourquoi dans un abonnement certaines choses sont comprises et pas d’autres. Un exemple flagrant est la relance, à ne pas confondre avec le recouvrement qui est systématiquement facturé. Dans mon cas, je n’ai que deux type de prestataires qui les facturent: l’administration fiscale et les régies immobilières.
Mais passons, nous supposerons donc qu’il s’agit d’une surcharge de travail qu’il faut donc facturer. Cette personne fait 2300€ brut et travaille 167 heures par mois. Donc son cout horaire revient à 13,77€. En réalité, c’est un peu plus car il faut ajouter les charges patronales, 40% pour cette personne. Ce qui nous entraine à 19,27€ par heure.
A ceci, il existe quelques frais qu’il faut rentabiliser: les fournitures de bureau, 1€ par jour (C’est très généreux, sauf si on rajoute l´amortissement des meubles de bureau!), l’amortissement de l’informatique (Internet, PC, électricité) pour 5€ par jour, divers (eau, toilette, locaux), 1€ par jour. Soit 7€ par jour, et Madame travaille 7h5 par jour.Ajoutons donc un euro de frais supplémentaire (7 divisé par 7,5), ce qui porte le cout total horaire de cette personne à 20,27€.
J’en viens maintenant à l’acte en lui même: il faut un peu moins d’une heure pour l’établir; à ceci ajoutons quelques frais annexes en étant toujours aussi généreux: téléphone et timbre pour 3€.
Cout total de l’opération = 20,27 * 1 + 3 = 23,27€.
Ajoutons à cela la TVA (19%) = 27,69€
Nous avons donc désormais accès à la marge qui n’est que la division de la prestation par son cout total, 322 / 27,69 = 11.
Donc pour schématiser, pour un euro investi, la régie touchera 11€. Reportez-vous à mon échelle de valeur pour voir ce que j’en pense. Alors quand je demande en assemblée si une marge de 1/11 est normale, on me répond génériquement:
« Mais Monsieur, ce n’est pas comme cela que cela marche, ce n’est pas si simple ! »
J’applique désormais beaucoup plus ce type de raisonnement sur les prestations douteuses et j’ai parfois d’étonnantes surprises. Bien entendu mon calcul peut être parfois faussé, il y a surement des choses internes qui m’échappent, mais dans le cas des frais de mutation, même si je double mes chiffres, j’arrive tout de même à un ROI de 5, ce qui me semble tout de même bien élevé.
Finalement, je crois qu’il n’y a rien de choquant à faire beaucoup de profits; en revanche avoir des marges aussi importantes me laisse tout de même perplexe.
Ok, supposition.
Le principal de problème d’une pyramide de Ponzi, est de rémunérer l’investisseur « en bout de chaîne », parce que tu es contraint de par ta promesse, à rémunérer TOUS les investisseurs.
Mais imagines que tu introduises un facteur de risque, qui par ailleurs te permet de justifier les hautes perspectives de rémunération.
Par exemple « cet investissement est risqué; mais il est également très rémunérateur. Vous avez X% de chances de perdre votre investissement, mais 1-X% de chances de le multiplier par Y% (avec Y avec un tel discours (à peaufiner et marketer évidemment), tu trouves forcément des investisseurs « risk-acceptant ».
Pour eux, ce sera comme jouer à la roulette: ils prennent un risque dans une perspective de gain (inférieure au risque).
Idem que mon précédent commentaire, je veux bien que tu me dises ce que tu en penses :)
(j’aime bien ton blog, je le trouvais trop technique au départ, mais en fait il me fait réfléchir).
(merde désolé je me suis trompé de post : peux tu supprimer celui-ci, je vais le re-poster sur la bonne page). Mille excuses pour le dérangement.