Vous avez déjà connu ça souvent: vous faites une recherche et vous tombez sur un site un peu bizarre, sans réel contenu et bourré de liens étranges vers d’autres sites. Vous êtes sur ce que l’on appelle un site « parké ». Lorsque vous cliquez sur un de ces liens, le propriétaire perçoit une petite somme d’argent et vous envoie vers un cybercommerçant.
Cette technique est souvent utilisée chez les domaineurs, des gens qui sont dans le commerce des noms de domaines, un business assez mal connu mais qui brasse quand même des millions d’Euros. Il y a aussi ceux qui ont acheté trop tôt leur domaine avant que le site web qui s’y rattache ne soit complètement opérationnel. Ceux qui veulent se débarrasser de leur nom de domaine, ceux qui s’en fichent mais qui veulent quand même gagner de l’argent et finalement ceux qui en font un business à part entière.
Evidemment cela fait rêver beaucoup, imaginez un peu: vous avez un site dont vous ne vous occupez jamais et qui vous rapporte de l’argent. En supposant que vous disposez de 1000 sites qui chacun vous font gagner 0,1€ par jour, cela revient à faire 100€ par jour. Intéressant quand même quand on la flemme. Mais ne rêvez tout de même pas: gérer 1000 domaines, ce n’est pas rien. J’ajoute qu’encore fois, c’est grâce au levier que vous gagnerez beaucoup. Si vous êtes capable de gagner 0,1€ avec un site, il vous suffit simplement de multiplier votre action par 1000 pour gagner 1000 fois plus. Avec l’automatisation poussée au paroxysme, ce théorème revient bien souvent dans l’univers « underground »; mais avec le recul, j’estime qu’il doit être un peu plus tempéré car au fil du temps survient une situation souvent difficile à maitriser: la saturation.
Bref, cela semble bien idyllique tout cela et les quelques fortunes qui s’y sont faites ne sont pas là pour me contredire. Mais en fait, si le concept est tout de même intéressant, ce n’est pas une si bonne affaire que ça.
Tout d’abord, il faut savoir que lorsque votre domaine est parké chez des gens comme Sedo par exemple, et bien vous n’êtes pas libre de faire ce que vous souhaitez: interdiction de générer du trafic. Ce n’est pas très sympa, comment faire alors pour développer mes gains ? Il est interdit de créer des liens ou faire de l’arbitrage via une régie PPC car c’est mal ! Votre domaine parké a alors intérêt d’être très bien optimisé si vous voulez qu’il intéresse les moteurs de recherche. Et malheureusement, c’est très rarement le cas. Il y a des gens qui contournent le problème en utilisant la bonne vieille méthode du « watermark »: vous collez votre URL dans une image ou une vidéo que vous mettez sur Youtube. Ainsi le trafic obtenu est ce que l’on appelle « typed-in », c’est à dire que l’URL est directement tapée dans le navigateur et elle est donc vierge de toute référence, donc « propre ». Mais c’est à vos risques et périls: vous risquez d’être bannis.
Finalement si vous ne pouvez développer votre trafic, votre site risque de ne jamais être visible et il est même envisageable qu’il vous fera perdre de l’argent. Remarquez qu’un .info chez Godaddy ne coute que $0,99 mais il faut quand même les faire; et puis ca risque de prendre un peu temps avant que vous ne soyez redevable de l’Incitation à Sortir de France.
Et puis il y a une chose quand même essentiel et je sais que ce n’est pas bien du tout d’en parler mais flûte, je le fais quand même: l’argent. Bah oui, c’est quand même important. Alors, je m’explique, accrochez-vous, c’est parti pour une longue plongée dans l’univers des intermédiaires.
Alors voilà, je vous explique la pire des situations, sachant que quelques fois ca peut être moins pire, mais quelque fois c’est encore pire que pire !
Quand vous cliquez sur le lien contenu dans une page parkée, en fait soit vous avez affaire à un simple lien d’affiliation (moins pire) ou bien un lien PPC (Pay Per Click, le pire du pire). Ces liens PPC peuvent être des feeds de régies publicitaires ou parfois de simples comptes Adsense Premium. Donc voilà comment ca se passe au premier niveau: vous cliquez, vous gagnez un peu d’argent et c’est bien le gestionnaire du parking qui vous crédite. Mais en allant un peu plus loin, lorsque vous avez cliqué, en réalité une partie du bénéfice (souvent 50% ou 70%) est allée directement au gestionnaire du parking, l’autre allant à la régie PPC, par exemple Adwords.
La personne qui a acheté le clic est souvent un marketeur, quelqu’un qui gagne sa vie en vendant les produits des autres, une très bonne affaire ;-) Cette personne travaille généralement avec une plateforme d’affiliation en charge de la promotion des produits d’une société quelconque. Parfois certaines de ces plateformes se contentent de facturer un service à un prix fixe, mais d’autres plus spécialisées prennent également une commission au passage.
Finalement après la plateforme, vous trouvez le fournisseur final qui vend le produit. Voilà, j’espère que vous avez compris; en fait, nous sommes en face d’une chaine assez conséquente, avec d’un côté un fournisseur et de l’autre, tout au bout il y a vous avec votre malheureux domaine parké.
Je vous explique avec un exemple afin de faire cesser le doute que je sens jusqu’ici.
Sur son site web, la société « Les Voyages Marquette-lez-lille » vend des séjours de 2 jours à Bruxelles pour la modique somme de 70€. Cette société s’est associée à la plateforme d’affiliation « Deglingfiliation »: pour chaque voyage vendu, la plateforme touche 15% de commission, soit 10,5€. Généreuse, la plateforme commissionne ses affiliés à hauteur de 5€: pour chaque voyage vendu, l’affilié touche donc cette somme.
L’affilié, un type de Lyon qui refuse de donner son nom, choisit une campagne au clic chez KliKlik pour promouvoir le voyage. Tablant sur une conversion autour de 2%, il achète le clic à 0,05€.
Sa campagne est diffusée sur les sites du gestionnaire de parking « Bouchon ». Il se fait que c’est précisément chez eux que vous avez parké votre nom de domaine (mmontricot.com).
Lorsque que quelqu’un clique sur une annonce, Bouchon reçoit de KliKlik 0,025€, soit la moitié de ce qu’a payé le type de Lyon qu’on ne connait pas.
Voilà, et vous ? Ah oui, excusez-moi, je vous avais oublié. Et bien vous recevez l’astronomique somme de 0,125€ de Bouchon. Vous voyez donc clairement où je veux en venir: du fait du nombre incroyable d’intermédiaires, le parking de nom de domaine n’est franchement pas une très bonne affaire. On passe d’un chiffre d’affaire potentiel de 10,5€ à 0,125€, pas de quoi être fier.
Pas de solution alors ? Si bien sûr, il faut aller où va l’argent en réduisant au maximum les intermédiaires. Idéalement, il faudrait pouvoir contacter « Les Voyages Marquette-lez-lille » et travailler directement avec eux. Ce n’est bien sûr pas toujours possible et ils vous recommanderont de vous adresser à « Deglingfiliation », mais parfois ça fonctionne. En fait, cela marche lorsque la société ne sait pas ce que c’est que l’affiliation et que c’est vous, le héros qui lui ramène ce « tout nouveau concept fabuleux qui a fait progresser notre CA de 10% l’année dernière ».
Après, vous pouvez également créer vous même votre propre script de parking. Certaines régies au clic proposent des solutions intéressantes via des feeds XML de produits. Libre alors à vous de les mettre en forme à coup de Perl/PHP et de gagner de l’argent: après tout, les gestionnaires de parking de domaine n’ont pas le monopole.
Je ne sais pas si tu as les pingback actifs sur ton WP, donc pour faire plus rapide, je voulais juste te dire que ça doit être la période du parking!
Je voulais me faire un mini composant de page parking, et j’avais commencé (très vite) à donner les principes d’un domaine parké sur mon blog), et juste après tu balances ton post. Et aujourd’hui je découvre que google propose aussi une offre :
http://jice.lavocat.name/blog/2009/02/google-parke-vos-ndd
Je n’ai pas encore pris le temps de voir les conditions, mais ça pourrait faire un bon complément à ton article ;-)
Bonjour,
les pingbacks fonctionnent sur Pagasa, mais le tien est parti dans la boite à spam. Et merci pour les précisions sur Google Parking, les US l’ont déjà depuis l’année dernière. Je n’ai pas eu le temps de tout lire, mais il faut voir s’ils ne vont pas tomber dans les travers des gestionnaires de parking.
D’un autre côté, tu ne « performeras » jamais autant qu’en gérant toi même ton affilitation.
Cordialement
Thibaut
Ce matin je suis allé prendre le petit déjeuner avec un américain et sa copine allemande rencontrés dans une auberge de jeunesse à Lviv (Ukraine). Le type me raconte qu’il voyage depuis plus d’un an partout en Europe, je lui demande si il bosse de temps en temps, il me répond qu’il a un business online et il m’explique qu’il a 300 NDD parqués, il m’a pas dit combien ça lui rapportait et il est pas millionaire parce que il me disait qu’il manquait de cash pour acheter des affaires mais en attendant il voyage sans bosser depuis un bon moment, il m’a dit que ca lui prenait deux heures par semaine pour gérer tout ça. A la base il était photographe, il est tombé la-dedans parce qu’il bossait pour une boite qui gérait des NDD. J’ai bien envie de creuser la question et d’investir un peu d’argent dans des NDD pour voir ce que ça donne, après tout si tu peux te faire un peu de blé avec la pub et espérer faire une culbute à la revente du NDD c’est tudo bom.
Aurélien: merci pour ton témoignage. Je connais beaucoup de gens qui se sont plantés dans le NDD. Ceux qui réussissent le mieux sont les domainers, ceux qui font du domaine trading, mais c’est un métier à part entière, et il faut beaucoup d’expériences. Pour les domaines parkés, la difficulté essentielle, c’est que tu ne peux généralement pas promouvoir tes NDD, car c’est interdit par les CGU des gens qui parkent (SEDO, Parked, etc.) Je pense qu’il est préférable d’avoir un autoblog et de tenter de le monétiser avec Adsense et de l’affiliation.
J’ai pas précisé, en fait le type achète des domaines qui ont du trafic résiduel (avec des liens qui pointent encore vers le domaine j’imagine vu que les moteurs de recherche doivent vite d’apercevoir que le contenu a disparu), un blogueur m’avait parlé d’une collègue qui faisait ça en achetant des NDD sur le point d’expirer (par ex. sur Go Daddy), je lui ai envoyé un msg pour avoir plus d’infos sur le sujet, ça te dit quelque chose ?
Oui, du bête parking. En fait, le trafic peut durer un moment suivant le NDD; après cela va souvent en diminuant car Google sait pertinemment identifier les domaines parkés. Je connais un type qui faisait cela avec 1000 domaines. Sa conclusion, c’est qu’il est nettement plus intéressant de faire directement de l’affiliation plutôt que du PPC sur des domaines inutilisés: tu te crées des sites portails bourrés de liens d’affiliation et tu rediriges tous le trafic de tes domaines dessus.